• L'Ecole du Lotus Blanc

     

    L’Ecole du Lotus Blanc

     

     

    L’Ecole du Lotus Blanc

    Phoker est le dernier village bouddhiste du district de Kargil,  la population y est mixte moitié musulmane, moitié Bouddhiste. Dans le district de Kargil, les habitants de culture bouddhistes sont traités comme des citoyens de seconde zone : discrimination négative pour l’accès à l’emploi, harcèlements lors des célébrations liés à leur croyances religieuses, comme cela a été le cas à Phoker ces cinq dernières années durant la célébration du Losar, sous représentation dans les administrations de la justice, de l’éducation,  de l’accès aux soins, du développement etc… La ville de Kargil, siège administratif du district est entièrement musulmane. 

     

    On est ici pas loin du Pakistan et en zone frontalière avec le Cachemire, théâtre d’affrontements intercommunautaires violents ces derniers mois. Le Ladakh pour l’instant reste préservé mais dès que l’on quitte le district de Leh, la tension devient perceptible. A Phoker, dans cette petite communauté de 3000 personnes, les haut-parleurs de la communauté musulmane d’obédience shiite déversent entre 3 à 5 fois par jour des harangues, prêches et incantations au Prophète sur une tonalité agressive qui créent un climat oppressant. Obligée de me rendre à l’hôpital de Kargil pour raisons médicales, j’y sens une hostilité manifeste à mon égard, alors que je suis tête nue parmi les voiles... Nous sommes bien loin de l’accueil bienveillant  dont nous avons bénéficié à Leh.

     

    L’Ecole du Lotus Blanc

     

     

    Ils nous attendaient dans la petite cour en terre battue qui jouxte leur modeste école. Souvent vêtus du manteau bordeaux traditionnel ladakhi, bonnets sur la tête car il fait froid malgré le soleil, ils nous dévisageaient les yeux brillants de curiosité. Nous étions en retard, arrivant d’un monastère où se déroulait une partie du losar, mais ils nous ont accueillis avec des grands sourires. Avec leurs maîtresses, ils avaient préparé une série de chants et de danses à notre intention. Nous avons tous été émus par la ferveur qu’ils ont mis dans leurs chants et leur danses, les yeux fermés, les mains jointes, ils s’adressaient à nous à travers leur comptines avec beaucoup d’espoir, je crois et également beaucoup de confiance.

    Ils sont les enfants de l’école du Lotus Blanc.

     

    L’Ecole du Lotus Blanc

     

    Soucieux de préserver l’héritage culturel de leurs enfants : transmission de la langue et des éléments cultuels,  la population bouddhiste de Phoker a décidé de construire une école qui répondrait à la réalité culturelle de leur communauté.

    L’année dernière une branche de l’école DRUK PADMA KARPO a donc été ouverte dans le village sous le patronage de sa Sainteté le XII ème GYALWANG DRUKPA* permettant la création de 2 classes avec un effectif total de 30 élèves, avec tous les niveaux représentés de la maternelle au CM2.

     

    L’Ecole du Lotus Blanc

     

    L’administration de l’état du Jammu et Kashmir ne soutient pas financièrement ce genre d’initiative et la population bouddhiste de Phoker s’est mobilisée pour construire la petite école du Lotus Blanc et pour payer les salaires des deux enseignantes.

     

    Dans une communauté isolée comme Phoker, les revenus des habitants sont extrêmement modestes, entre 3000 à 5000 roupies par mois soit l’équivalent de 50 à 70 euros/ mois. Il est donc très difficile pour les familles de fournir l’effort financier nécessaire pour équiper l’école du minimum, c’est à dire des bancs pour les enfants, un tableau dans les salles de classe, des cahiers et des crayons, du matériel à dessin, des supports pédagogiques. En outre les salles de classe n’étant pas chauffées, l’école ferme de fin décembre à début février, durant les mois les plus froids de l’année.

     

    L’Ecole du Lotus Blanc

     

    Nous avons passé l’après midi dans l’école et nous avons été marqués par le désir d’apprendre de ces enfants et leur motivation à l’endroit de l’école, ainsi que par l’engagement des maitresses et de l’ensemble de la communauté autour de ce projet éducatif. Toute l’équipe administrative était là ainsi que beaucoup de parents soucieux de nous témoigner leur gratitude pour être venus prendre connaissance du projet d’école et de ses difficultés actuelles.

     

    Si l’école du Lotus Bl anc ferme par manque de moyens, les enfants bouddhistes de Phoker et des environs n’auront d’autre alternative que d’aller à l’école publique où l’enseignement se fait en Urdu et où les éléments cultuels privilégiés sont musulmans.

     

    L’Ecole du Lotus Blanc

     

    Nous avons filmé et enregistré les enfants de l’école du Lotus Blanc, ainsi que l’équipe pédagogique et les membres fondateurs de l’école, avec l’intention de trouver un axe de solidarité entre la France et cette communauté isolée de l’Himalaya. Pour ce faire, nous allons monter un projet de soutien à l’école du Lotus Blanc avec l’association Himalayan Dialect initiée par Christiane Roussin de Die (Drôme) qui a déjà soutenu la construction d’une école, la Spring Dales Public School, équipée d’un système de chauffage solaire très judicieux et d’un internat à Mulbekh, à une trentaine de kilomètres de Phoker.

     

    Himalayan Dialect possède l’expertise nécessaire pour la prise en charge des besoins identifiés de l’école de Phoker : rénovation des locaux existants, fourniture du mobilier et du matériel pédagogique nécessaire, pérennisation des postes des deux enseignantes qui font un travail remarquable dans des conditions minimales.

     

    L’Ecole du Lotus Blanc

     

    L’école du Lotus blanc scolarise actuellement une trentaine d’enfants mais une vingtaine sont déjà en liste d’attente. Il faut réaliser que ces enfants effectuent tous des trajets quotidiens importants à pied pour se rendre à l’école et ceci pour avoir accès à une éducation dans des conditions difficiles, cependant ils font tous preuve d’un grand enthousiasme et d’une grande joie à apprendre. Etant donné le coût de la vie dans cette région du Ladakh, le budget nécessaire à la consolidation et au développement de cette belle démarche, transposé en euros, représente une somme qu’il est tout à fait possible de réunir en mobilisant de la bonne volonté et en faisant preuve de solidarité.

     

    L’Ecole du Lotus Blanc

     

    Annick Paoli qui accompagne ce voyage en faisant un reportage photo au profit de l’Ecole du Lotus Blanc, Christiane Roussin de l’association Himalayan Dialect qui vient de publier un beau livre « 8 jours suffiront-ils ? A la découverte du Ladakh» au profit de  la Spring Dales Public School de Mulbekh, moi-même et tous ceux qui voudront s’engager en faveur des enfants de la vallée de Phoker contribueront ainsi non seulement au soutien d’un projet éducatif fondamental pour la communauté mais également à la préservation d’une culture fragilisée.

     

    L’Ecole du Lotus Blanc

    Nous sommes retournés revoir les enfants quelques jours plus tard et à nouveau, les parents s’étaient mobilisés pour nous accueillir avec le thé et les khataks, les écharpes blanches de bienvenue. Les enfants avaient préparé des dessins pour transmettre aux enfants de France car se dessine un projet de correspondance entre des enfants du Val de Drôme et les enfants de la vallée de Phoker. Cela paraît peu de choses, mais lors de notre première visite, nous avions apporté des crayons de couleur et des cahiers ce qui a réjouit les enseignantes car l’école n’en possédait pas. Ce matériel à dessin à tout de suite été mis à profit pour redonner quelque chose, donc les dessins que nous rapportons avec nous avec ce désir d’échange et d’ouverture qui était aussi au cœur de notre démarche quand notre petite équipe s’est constituée spontanément pour répondre à l’invitation qui m’avait été faite de venir assister à cette cérémonie très particulière dont les ramifications s’étendent dans le tissu social.

    Ainsi l’emplacement de l’école à été désigné voici deux ans par l’oracle, Phoker Chomo, autour duquel s’inscrit le rituel auquel nous sommes à présent participants à notre manière.

    Tout est lié.

     

    L’Ecole du Lotus Blanc

     

    Nous communiquerons plus en détail sur l’école du Lotus Blanc de Phoker dès notre retour en France, je publie également dans ce blog la traduction de la lettre du président de l’école du Lotus Blanc sous la rubrique : la lettre de Tsering Ramgyal.

    Merci de votre attention.

     

     

    * Sa Sainteté le XII ème GYALWANG DRUKPA est le chef de la lignée spirituelle Drukpa, une des écoles du bouddhisme Vajrayana. Responsable de nombreux monastères dans les régions himalayennes, dont les principaux se trouvent à Darjeeling, à Hémis (Ladakh) et au Népal au mont Druk Amithaba (Katmandou), le Gyalwang Drukpa dirige également de nombreuses écoles de méditation bouddhiques en Asie, en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine. Son siège européen, la congrégation « pel Drukpay Tcheusok » se trouve en France à Plouray, dans le Morbihan où le vénérable Drubpön Ngawang, le représente.

     

    Le Gyalwang Drukpa parcourt inlassablement le monde afin de transmettre ses connaissances et son expérience. Maitre accompli du mahamoudra et du maha-ati, il incarne par son style la modernité, et par la profondeur de son enseignement, la pure tradition de la lignée des yogis. Outre ses activités traditionnelles, le Gyalwang Drukpa a récemment lancé le projet « live to love » qui se définit comme l’intégration des idéaux bouddhiques dans la vie moderne, une compassion en action qui s’exprime dans des activités altruistes comme l’éducation, l’assistance médicale, l’aide humanitaire et la protection de l’environnement.

     

     


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